Artificialisation liée à l’habitat : vers une densification

Cette étude a été réalisée par l’unité Connaissances et Analyses Territoriales du Service Études, Planification et Analyse Territoriale de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer du Nord.

Pour toutes remarques, contactez l’unité par courriel à l’adresse suivante :

Rapport Nom Date
Rédacteur(s) Pôle Analyse Territoriale Juillet 2022
Validé par Thibault Vandenbesselaer Novembre 2022

Résumé

Cette étude compare les densités des surfaces dédiées à l’habitat existant au regard des densités mise en œuvre lors de la dernière décennie. Cette comparaison met en avant plusieurs enseignements :

  1. la dernière décennie a vu la densité liée à l’habitat fortement progresser pour s’établir à 35 logements par hectare contre 10 dans l’aire urbaine initiale.

  2. Ces évolutions sont hétérogènes au sein du département.

Le contexte

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Les objectifs

Après l’analyse des documents de planification et l’étude sur la consommation des zones urbaines, cette étude a pour objectif d’avoir une vision plus centrée de la consommation d’espaces en lien avec la création de logements.

Méthodologie

Éléments étudiés

Les fichiers fonciers permettent d’avoir une vision précise de la densité urbaine liée au logement ainsi qu’une vision dynamique de l’artificialisation via les travaux menés par le CEREMA. On peut alors combiner les deux approches afin d’évaluer les densités pour la tâche urbaine historique (en 2010) comparée à la densité de l’artificialisation sur les 10 dernières années (2010-2019).

On mobilisera plusieurs sources de données afin de réaliser cette analyse :

  • Les fichiers fonciers 2021, permettant de déterminer une tâche urbaine et une densité associée en 2010 et de déterminer par différences avec les informations de 2010, le nombre de logements supplémentaires.
  • Les données du portail de l’artificialisation permettant de connaitre à l’échelle communale les surfaces artificialisées à destination de l’habitat.

Hypothèse de travail

Dans cette étude, l’analyse de l’évolution des logements est réalisée uniquement à partir de l’exploitation des fichiers fonciers et non des données de l’INSEE. Cette hypothèse permet d’avoir une version plus à jour des logements sur la commune et de pouvoir en déduire par soustraction leur évolution. À la différence de l’INSEE, on devrait trouver une augmentation dans l’ensemble des communes puisque les logements sont dans ce cas, indépendant des ménages, contrairement à la définition de l’INSEE.

On basera l’analyse uniquement sur l’habitat, les données relatives à l’activité ne permettent pas d’avoir une vision fine et sont par nature hétérogènes. En outre, l’habitat représente la part la plus importante de l’artificialisation (environ 2/3) et peut être réglementé plus aisément.

Traitement des données

On calcule l’artificialisation à l’échelle communale destinée à l’habitat.

On filtre les données des fichiers fonciers 2010 afin d’obtenir les informations pour l’année 2010.

On calcule le nombre de logements par commune en 2010.

On calcule la tâche urbaine par commune en 2010.

On calcule la densité liée à l’habitat par commune en 2010.

On filtre les données des fichiers fonciers 2010 afin d’obtenir les informations pour l’année 2020.

Puis, on calcule le nombre de logements au 1er janvier 2020 (juste après la dernière année d’artificialisation).

On peut alors fusionner toutes ces données dans une seule table.

À laquelle on peut ajouter le calcul de l’évolution du nombre de logements et enfin la densité liée à l’artificialisation.

On construit une fonction permettant de calculer les densités à l’échelle de son choix.

Résultats

À l’échelle du département

À l’échelle départementale, la densité était de 10 logements par hectare en 2010 alors qu’elle est de 35 logements par hectare en 2019. Cette densification de la tâche urbaine a permis de construire 102 080 logements entre 2010 et 2019 et 2 902 hectares ont été artificialisés.

À l’échelle des SCOT

Il est important de regarder le rapport des densités au sein des 7 ScoTs du Département. En effet, cela permet de comprendre les efforts produits par les EPCI depuis 10 ans.

A l’échelle du département, nous pouvons constater que l’effort de densification, entre 2010 et 2019, est plus important au sein du SCoT Flandre et Lys et du SCoT Sambre Avesnois. Le SCoT de Lille Métropole n’arrive qu’en troisième position avec un rapport de densités de 3,5.

Ensuite, le SCoT de Valenciennes présente un rapport de densités de 2,6 suivi du SCoT du Grand Douaisis avec un rapport de densités de 2,5.

Enfin, le SCoT Flandre Dunkerque arrive en sixième position avec un rapport de densités de 2,3 suivi du SCoT du Cambrésis avec un rapport de densités de 1,5.

À l’échelle des EPCI

Nous avons classé les EPCI en fonction du rapport de densités entre 2010 et 2019.

Les EPCI dont le rapport de densités est inférieur à 2,5 sont :

  • La CC des Hauts de Flandre a un rapport de densités de 2,2. Entre 2010 et 2019, elle a construit 1 850 logements et a artificialisé 255 hectares.

  • La CA Douaisis Agglo a un rapport de densité de 2,4. Entre 2010 et 2019, elle a construit 4 467 logements et a artificialisé 135 hectares.

  • La CA Valenciennes Métropole a un rapport de densités de 2,5. Entre 2010 et 2019, elle a construit 7 220 logements et a artificialisé 187 hectares.

Concernant les 3 EPCI du Cambrésis, nous pouvons noter que :

  • la CA de Cambrai a un rapport de densités de 1,6. Entre 2010 et 2019, elle a construit 2 171 logements et a artificialisé 135 hectares.

  • la CA du Caudrésis et du Catésis a un rapport de densités de 1,4. Entre 2010 et 2019, elle a construit 935 logements et a artificialisé 103 hecctares.

  • la CC Pays du Solesmois a un rapport de densités de 0,9. Entre 2010 et 2019, elle a construit 257 logements et a artificialisé 37 hectares.

  • Enfin, la CA Maubeuge Val de Sambre a un rapport de densités de 2,4. Entre 2010 et 2019, elle a construit 3 643 logements et a artificialisé 176 hectares.

Les EPCI dont le rapport de densités est compris entre 2,5 et 3 :

  • La CU de Dunkerque et la CC Pévèle Carembault ont un rapport de densités de 2,9. Entre 2010 et 2019, la CUD et la CCPC ont respectivement construit 1 850 et 5 640 logements et ont respectivement artificialisé 255 et 283 hectares.

  • Nous pouvons ainsi constater que la CCPC a construit 3 fois plus de logements que la CUD pour une surface artificialisée quasi-identique.

  • La CA Porte du Hainaut a un rapport de densités de 2,6. Entre 2010 et 2019, elle a construit 5 399 logements et a artificialisé 268 hectares.

  • Enfin, la CC Coeur d’Ostrevent a un rapport de densités de 2,8. Entre 2010 et 2019, elle a construit 1 659 logements et a artificialisé 64 hectares.

Les EPCI dont le rapport de densités est supérieur à 3 :

  • La CC de Flandre Intérieure a un rapport de densités de 3,9. Entre 2010 et 2019, elle a construit 3 760 logements et a artificialisé 288 hectares.

  • La CC Flandre Lys a un rapport de densités de 3,2. Entre 2010 et 2019, elle a construit 9 565 logements et a artificialisé 858 hectares.

  • La MEL a un rapport de densités de 4,3. Entre 2010 et 2019, elle a construit 56 387 logements et a artificialisé 458 hectares.

  • La CC du Pays de Mormal a un rapport de densités de 4,4. Entre 2010 et 2019, elle a construit 1 107 logements et a artificialisé 168 hectares.

  • Enfin, la CC du Sud Avesnois a un rapport de densités de 3,1. Entre 2010 et 2019, elle a construit 471 logements et a artificialisé 49 hectares.

À l’échelle communale

Une évolution de la densité différente en fonction de l’attractivité des communes

Les Aires d’Attractions des villes

Le zonage en aires d’attraction des villes 2020 définit l’étendue de l’influence d’une ville sur les communes environnantes. Une aire est composée d’un pôle, défini à partir de critères de densité de population, de population totale et d’emploi, et d’une couronne, constituée des communes dont au moins 15 % des actifs occupés travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune-centre. Dans certains cas, dont Paris, l’aire peut comprendre plusieurs pôles. Les aires d’attraction des villes sont des entités économiques cohérentes. Une politique publique ciblée sur un pôle pourra avoir des conséquences sur l’ensemble de l’aire. Cette approche fonctionnelle de la ville permet d’étudier les disparités territoriales selon deux dimensions : la taille de l’aire et la distinction entre centre et périphérie.

Une évolution de la densité différente selon les SCoTs

À l’échelle du SCoT Flandre Dunkerque, la densité au sein des communes centres a baissé jusque dans les années 1990 avant d’entamer une phase de croissance. En 2020, nous pouvons comptabiliser 82 logements par hectare.

Aussi, la densité au sein des communes du pôle principal a diminué jusque dans les années 1990 avec la construction de pavillons sur des parcelles dont la surface est supérieure à 500 m². Ensuite, cette densité a augmenté jusque dans les années 2010 suite à la mise en place des SCoTs et des PLU nouvelle génération, avant de fléchir entre 2010 et 2020.

Les communes de la couronne présentent une densité relativement stable avec 5 à 8 logements par hectare.

À l’échelle du SCoT de Flandre et Lys, la densité des communes centre connaît trois périodes d’évolution. Jusque dans les années 1975, nous pouvons constater une légère augmentation de la densité suivie d’une diminution importante jusque dans les années 2000. Depuis 2010, cette densité est en forte augmentation (autour des pôles multimodaux ?).

Au niveau des communes de la couronne, la densité connaît une forte baisse entre 1960 et 1980 suivie d’une stagnation entre les années 1980 et 2000 avec une densité moyenne de 7 logements par hectare. Enfin, cette densité augmente légèrement jusque 2020 avec 11 logements par hectare.

Les communes hors attraction des villes ont connu une décroissance de la densité jusqu’en 1975 puis une légère augmentation de la densité avec 9 logements par hectare.

À l’échelle du SCoT de Lille Métropole, la densité d’habitat des communes centres a toujours été en augmentation entre 1960 et 2010 passant de 90 logements par hectare en 1960 à 150 logements par hectare en 2010. Néanmoins, à partir des années 2000, nous pouvons constater une légère déclinaison de cette densité avec 40 voire 35 logements par hectare. En 2000 apparaît une forte augmentation de la densité avec 80 logements par hectare.

Les communes de la couronne présentent une densité relativement stable avec 12 logements par hectare.

À l’échelle du SCoT du Grand Douaisis, la densité au sein des communes centres a augmenté entre les années 1960 et 1990 avec une moyenne de 45 logements par hectare. Ensuite entre 1990 et 2000, cette densité diminue suite au phénomène de périurbanisation avant de connaître à nouveau une augmentation avec 55 logements par ha.

Les autres communes du pôle principal présentent une densité relativement stable avec 18 logements par hectare jusque dans les années 2000. Sur la période allant de 2000 à 2020, cette densité augmente de manière progressive avec une moyenne de 28 logements par hectare.

La densité d’habitat des communes de la couronne augmente entre 2005 et 2020 passant de 9 voire 11 logements par hectare en 2005 à 20 logements par hectare en 2020.

À l’échelle du SCoT de Valenciennes, la densité au sein des communes centres a diminué jusqu’en 1985 avec 22 logements par hectares puis a augmenté fortement entre 1985 et 2000 avec une moyenne de 75 logements par hectares. Sur la période allant de 2000 à 2020, la densité augmente mais de manière plus modérée avec 90 logements par hectare.

La densité au sein des autres communes du pôle principal diminue jusque les années 1990 passant de 24 logements par hectare à 12 logements par hectare avant d’augmenter entre 1990 et 2010 avec 25 logements par hectare.

La densité au sein des communes de la couronne et en dehors de l’attraction des villes diminue jusque dans les années 2000 mais reste sensiblement identique entre ces 2 types de communes. La densité d’habitat des communes hors attraction des villes a augmenté à partir des années 2000 avec 12,5 logements par hectare.

À l’échelle du SCoT du Cambrésis, les communes centres présentent une densité relativement stable jusque dans les années 1980 avec 23 logements par hectare. Ensuite, cette densité diminue avec 20 logements par hectare avant d’augmenter à partir des années 2000 pour atteindre 35 logements par hectare en 2020.

La densité au sein des autres communes du pôle principal a diminué jusque dans les années 1980 passant de 20 logements par hectare à 12 logements par hectare, stagné sur la période allant de 1980 à 2000 et augmenté légèrement depuis l’année 2000 pour atteindre 18 logements par hectare en 2020.

Depuis les années 1990, la densité d’habitat des communes de la couronne et des communes situées en dehors de l’attractivité des villes se situe autour de 8 logements par hectare.

À l’échelle du SCoT Sambre Avesnois, la densité au sein des communes centres a fortement diminué sur la période allant de 1960 à 1980. En effet, la densité est de 41 logements par ha en 1960 contre 12 logements par hectare en 1980. Ensuite, cette densité a augmenté à partir des années 2000 avec 30 logements par hectare.

Enfin, nous pouvons constater que la densité au sein des autres communes du pôle principal augmente légèrement jusque dans les années 1990 passant de 18 logements par hectare à 22 logements par hectare. À partir des années 2000, la densité augmente fortement pour atteindre 30 logements par hectare en 2020.

La densité d’habitat des communes de la couronne et des communes situées en dehors de l’attractivité des villes se situe autour de 12 logements par hectare.

Limites

Comparaison exogène difficile liée au calcul d’une densité spécifique

nb de logements spé

surface spé

Une vision agrégée

Une analyse non synchronisée avec les principales évolutions réglementaires

Discussion

Conclusions

La littérature actuelle en urbanisme place la densité et la densification comme la solution permettant de limiter l’artificialisation et la consommation d’espaces naturels et agricoles. Les collectivités devront répondre à cet enjeu en réduisant par deux leurs objectifs de consommation d’espaces d’ici 2050.

D’après une étude de 2019 de la DRIEAT Ile-de-France, la densité n’est pas forcément perçue de manière négative par les populations puisqu’elle favoriserait la convivialité, la mixité sociale et fonctionnelle.

Pour autant, cette densité sera davantage acceptée par les populations si les opérations d’aménagement sont intransigeantes face aux éléments de qualité urbaine des projets.

En premier lieu, la gestion des nuisances sonores en raison des fortes promiscuités doit être un impondérable des cahiers des clauses techniques et particulières des opérations de logements. Les opérations les plus denses sont également bien acceptées lorsque les espaces publics sont suffisants et de bonne qualité. La relation nature et ville est à nouveau questionnée, avec le besoin de renaturer notamment en zones denses pour répondre à la fois aux attentes sociales mais aussi aux effets du changement climatique (cf. coefficient de biotope et de pleine terre). Les zones moins denses doivent se densifier afin de lutter contre l’artificialisation des sols.