Application : comprendre la question de base de l’économiste et ses outils méthodologiques

Question 1 : Comprendre la question de base de l’économie

Vous avez appris que la question fondamentale en économie était celle de l’allocation desressources rares. On ne peut pas tout avoir ! Et pourtant, on voudrait bien tout avoir… La rareté oblige à faire des choix, et c’est cette question, la question des choix dans un univers de rareté qui empêche l’économiste de dormir

  • Marcel a un budget de 100 euros pour organiser un incroyable barbecue d’anniversaire. Il souhaite acheter des merguez, des chipolatas, des pommes de terre et des bières. Il a bien en tête le dicton « mieux vaut trop que pas assez », et il est donc toujours tenté de rajouter des merguez, des chipolatas, des pommes de terre et des bières dans son caddie. Mais son budget est limité. Alors il faut choisir. Est-ce un problème d’économiste ?
    Cliquer pour voir la réponse Oui, c’est un problème d’économiste ! Marcel est confronté à un problème de RARETÉ : la rareté de l’argent. Il a une contrainte de budget, il n’a « que » 100 euros. C’est déjà beaucoup, mais il a une limite. Il ne peut pas prendre toujours plus, et il doit donc faire des CHOIX. Rareté, choix, les 2 maîtres mots de l’économiste sont bien là.

  • Saskia a 2 semaines de vacances. Elle a envie de partir avec son amie Louane à la plage, mais elle a aussi envie d’aller voir sa cousine Hannaé en Touraine, et de rester à la maison pour réviser avant la rentrée. Idéalement, elle passerait toutes les vacances à faire chaque activité ! Est-ce un problème d’économiste ?
    Cliquer pour voir la réponse Oui, c’est un problème d’économiste ! Saskia est confrontée à un problème de RARETÉ : la rareté du temps. Elle n’a que 2 semaines de vacances. Elle doit faire des CHOIX. Comme Marcel qui a une contrainte d’argent, elle a une contrainte de temps qui l’oblige à choisir. Rareté, choix, les 2 maîtres mots de l’économiste sont à nouveau bien là !! Vous serez peut-être surpris de l’apprendre, mais beaucoup de modèles en économie se concentrent en priorité sur la contrainte de temps.

  • Les électeurs sont mécontents. Ils voudraient plus d’argent pour les hôpitaux. Ils voudraient également plus d’argent pour l’éducation, car beaucoup d’écoles et d’université manquent de moyens. Il faudrait affecter plus de ressources pour la recherche, sinon, comment espérer qu’on puisse trouver des solutions pour soigner le Covid 19 ? La culture doit également être revalorisée. Mais nous ne pouvons pas accepter que des impôts trop lourds viennent gréver les budgets des ménages modestes, et les plus riches pourraient s’exiler fiscalement s’ils jugeaient trop lourd l’effort qui leur était demandé. Creuser la dette de l’Etat, c’est faire peser nos dépenses sur les générations futures… Est-ce un problème d’économiste ?
    Cliquer pour voir la réponse Oui, c’est un problème d’économiste ! La collectivité est confrontée à un problème de RARETÉ : la rareté des ressources, du budget de l’État. Ce budget n’est pas infini, et il y a beaucoup de choses à financer. Il faut faire des CHOIX. A nouveau, « rareté », « choix », c’est un problème d’économiste.

  • Micheline vit avec Robert depuis de longues années. Ils s’entendent bien. Mais récemment, elle a rencontré Gérard qu’elle trouve charmant. Peut-être devrait-elle « refaire sa vie » avec Gérard ? Mais ne serait-ce pas dommage de gâcher son mariage avec Robert ? Est-ce un problème d’économiste ?

    Cliquer pour voir la réponse Oui, c’est un problème d’économiste ! Micheline est confrontée à un problème de RARETÉ : la rareté du temps. Elle n’a qu’une vie. Elle ne peut pas finir sa vie avec Robert, ET finir sa vie avec Gérard. Soit elle vit avec l’un, soit elle vit avec l’autre. Elle pourrait faire une garde alternée me direz-vous. Ça ne change rien ! Elle n’aurait qu’une demie-vie avec Robert et une demie-vie avec Gérard, elle aurait donc renoncé à vivre TOUTE sa vie avec l’un, ou toute sa vie avec l’autre. Mais la polyandrie ne serait-elle pas envisageable, diraient les plus inventifs ? Si Robert et Gérard étaient d’accord, elle pourrait peut-être vivre avec les deux ensemble. Certes, mais elle renoncerait quand même alors à avoir une relation exclusive avec l’un ou avec l’autre. Quelle que soit sa préférence, et donc son CHOIX final, elle aura renoncé aux autres options. Peut-être que l’un des renoncements lui semblera très peu coûteux, mais elle aura quand même renoncé. « Rareté », « choix », c’est un problème d’économiste. Vous serez peut-être surpris, car on imagine mal un économiste réfléchir à une question de mariage. Et pourtant, un économiste comme Gary Becker (Nobel d’économie en 2000) a bel et bien appliqué la théorie économique au mariage, au crime, au racisme… Il faut bien comprendre que c’est la démarche et les outils méthodologiques qui caractérisent une discipline, et pas ses objets d’études


  • Les élèves apprennent mieux lorsqu’ils sont peu nombreux dans une classe. Idéalement on aimerait qu’il n’y ait que des classes de 10 élèves, mais il n’y a pas assez de professeurs. Vaut-il mieux répartir également les élèves entre tous les professeurs, avec 30 élèves par classe pour tout le monde, ou faire quelques classes de 10 élèves pour certains (pour les CP qui apprennent à lire, pour les élèves qui ont des difficultés scolaires…) et de 35 élèves pour les autres ? Est-ce un problème d’économiste ?

    Cliquer pour voir la réponse Oui, c’est un problème d’économiste ! Le ministère de l’éducation est confronté à un problème de RARETÉ : la rareté des professeurs. On ne peut pas faire que des classes de 10 élèves, il faut donc faire des CHOIX. A nouveau, on a bien rareté et choix.


  • On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Est-ce un problème d’économiste ?

    Cliquer pour voir la réponse C’est une boutade mais vous comprenez l’idée. On ne peut pas tout avoir. Il faut faire un CHOIX. C’est un problème d’économiste !


  • John est multimilliardaire. Il possède plusieurs villas partout dans le monde, et s’il souhaitait s’en acheter une de plus, ce serait tout à fait à sa portée. Il a 20 Porsches et autant de Ferraris, des pianos à queue qui font des cocktails, des piscines de fleurs, et il a fait installer au-dessus de chacun de ses lits des grappes de raisin avec un capteur qui détecte l’instant précis où John salive, pour qu’un grain tombe tout seul, sans qu’il ait besoin de lever le bras. Peut-on dire de John qu’il n’a plus aucun problème qui nécessiterait le secours d’un économiste ?

    Cliquer pour voir la réponse Non ! On a toujours besoin d’un économiste près de soi. John ne peut pas s’abstraire du problème de la rareté. C’est un problème universel. John, malgré toutes ses richesses, sait bien qu’il va mourir un jour. Il n’a, lui aussi, qu’une seule vie. Certes il a 20 Porsches, mais il ne peut pas rouler dans ses 20 Porsches en même temps. John aussi doit faire des CHOIX…

Question 2 : Comprendre les outils de l’économiste

Les économistes utilisent des modèles pour représenter la réalité d’une façon simplifiée pour pouvoir répondre à une question de recherche précise (prendre en compte la réalité dans son exhaustivité et toute sa complexité tout le temps serait fastidieux… et une partie de cette complexité est inutile pour considérer certaines questions…)

Les économistes utilisent ensuite des enquêtes quantitatives¨, c’est à dire des données statistiques pour comprendre ce qui se passe dans la réalité, « faire parler le réel », et vérifier si ses théories sont justes ou fausses.

  • On souhaite faire une étude sur les personnes les plus riches de France, et en particulier sur la place des revenus du travail par rapport au patrimoine dans les grandes fortunes. D’après vous, parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont des démarches d’économiste, avec des outils d’économiste ?

      1. On utilise une enquête de l’INSEE qui a interrogé 20 000 ménages. L’échantillon est représentatif (il y a la même proportion de jeunes, de vieux, de familles monoparentales, de citadins, de célibataires, de familles habitant dans les Bouches du Rhône, etc. dans l’échantillon de 20 000 ménages que dans la population française entière). On regarde, pour les ménages les plus riches de l’échantillon, quelle proportion de leur richesse vient des revenus de leur travail, et quelle proportion vient de leur patrimoine.

      1. On réalise des entretiens avec une vingtaine de personnes qui appartiennent à la frange la plus riche de la population, pour comprendre comment ils appréhendent la place du patrimoine et la place des revenus du travail dans leur fortune.

      1. La question de la provenance de la richesse n’est de toute façon pas une question d’économiste.

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    1. On utilise une enquête de l’INSEE qui a interrogé 20 000 ménages. L’échantillon est représentatif (il y a la même proportion de jeunes, de vieux, de familles monoparentales, de citadins, de célibataires, de familles habitant dans les Bouches du Rhône, etc. dans l’échantillon de 20 000 ménages que dans la population française entière). On regarde, pour les ménages les plus riches de l’échantillon, quelle proportion de leur richesse vient des revenus de leur travail, et quelle proportion vient de leur patrimoine.
      Voilà la bonne réponse. Il s’agit bien d’une enquête quantitative, qui permet de faire des statistiques. C’est un outil des économistes.

    2. Cette approche méthodologique n’est pas celle d’un économiste. Il s’agit d’une enquête qualitative, et ce sont d’autres sciences humaines et sociales qui s’en servent

    3. La répartition de la richesse est bien évidemment une question d’allocation des ressources rares, et donc une question d’économiste. (Mais c’est une question qui peut aussi être considérée par d’autres sciences humaines et sociales)


  • On souhaite faire une étude sur l’intérêt pédagogique d’apprendre au sein de classes à effectif réduit. D’après vous, parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont des démarches d’économiste, avec des outils d’économiste ?

      1. On envoie des chercheurs faire des observations dans des classes à effectif réduit et dans des classes plus grandes. Ils analysent la qualité du lien pédagogique professeur-élève dans chaque configuration.

      1. On fait une expérience répartissant au hasard un grand nombre d’élèves dans des classes de petits effectifs ou dans des classes de gros effectifs, et on compare leur moyenne scolaire après une année.

      1. La question du meilleur choix pédagogique entre classes à effectifs réduits ou classes deplus grande taille n’est de toute façon pas une question d’économiste.

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    1. Cette approche méthodologique n’est pas celle d’un économiste. Il s’agit d’une enquête qualitative,,et ce sont d’autres sciences humaines et sociales qui s’en servent.

    2. Voilà la bonne réponse. Il s’agit bien d’une enquête quantitative, qui permet de faire des statistiques. C’est un outil des économistes.

    3. Si, c’est aussi une question d’économiste : il s’agit d’allouer des ressources RARES (les professeurs), donc de faire le meilleur CHOIX. (Mais c’est une question qui peut bien sûr être considérée par d’autres sciences humaines et sociales)



  • On souhaite faire une étude pour savoir si l’argent ne fait pas le bonheur. D’après vous, parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont des démarches d’économiste, avec des outils d’économiste ?

      1. On utilise une enquête de l’INSEE qui a interrogé 20 000 individus représentatifs de la population française (il y a la même proportion de jeunes et de vieux, de diplômés et de non-diplômés, de gens qui habitent dans une maison plutôt que dans un appartement etc… dans cet échantillon et dans la population générale). L’enquête renseigne le niveau de revenu de chaque individu et leur réponse à la question “Êtes-vous heureux, sur une échelle de 0 à 10 ?”

      1. On allonge 2 fois par semaine des individus sur un divan pendant 45 minutes, on les laisse parler, et on essaie de comprendre, à partir de leurs entretiens retranscrits, le lien qu’ils établissent entre leur bien-être et leur richesse

      1. La question du bonheur n’est de toute façon pas une question d’économiste

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    1. Voilà la bonne réponse. Il s’agit bien d’une enquête quantitative , qui permet de faire des statistiques. C’est un outil des économistes.

    2. Cette approche méthodologique n’est pas celle d’un économiste. Il s’agit d’une enquête qualitative, et ce sont d’autres sciences humaines et sociales qui s’en servent

    3. Si, c’est aussi une question d’économiste !! On voudrait TOUT AVOIR pour être heureux, mais on ne peut pas, on a toujours une frustration car on vit dans un univers de rareté. Cependant, les CHOIX qu’on fait nous conduisent à plus ou moins de bonheur. Cette question peut donc bien être abordée par un économiste. Mais bien sûr elle peut aussi être abordée par d’autres disciplines de sciences humaines et sociales.
      Rappelez-vous que ce n’est pas l’OBJET d’étude qui permet de dire s’il s’agit de telle ou telle discipline mais la DÉMARCHE. Un économiste, un sociologue, un psychologue, un historien, peuvent tous étudier la répartition des richesses, la révolution française, les meilleurs outils pédagogiques, la reproduction sociale, et même les cauchemars… MAIS l’économiste le fera avec une démarche qui prend d’abord en compte le problème des CHOIX dans un univers de RARETÉ, avec des MODÈLES et des DONNÉES STATISTIQUES, tandis qu’un historien le fera en analysant des archives, un sociologue utilisera en complément des enquêtes statistiques des entretiens et des observations, etc…