1 Introduction

Les zones humides recouvrent environ 3% de la surface du globe terrestre. Selon l’article L211-1 du Code de l’environnement, les zones humides sont des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».

Il existe alors différents types de zones humides. Dans ce rapport, nous allons nous intéresser aux prairies humides. Elles jouent des rôles essentiels du point de vue écologique, économique et même social. En effet, elles peuvent réduire les inondations en retenant l’eau ou améliorer la qualité de l’eau en filtrant les polluants. Ces prairies sont aussi habitées par une grande diversité d’espèces végétales et animales. Elles peuvent aussi être utilisées dans le milieu agricole comme lieu de pâturage extensif ou bien tout simplement comme ressource en eau grâce au drainage.

Cependant, ce drainage et l’utilisation d’engrais et de pesticides dans l’agriculture intensive amènent à une forte réduction de la richesse écologique des prairies humides. Or, pour revenir à leur état naturel, il faut énormément de temps et de connaissance sur ces milieux (Toogood et Joyce 2009). Il est donc fondamental d’identifier ces zones afin qu’elles puissent continuer à rendre leurs différents services écosystémiques.

Il existe alors des zonages environnementaux tels que les Espaces Naturels Sensibles (ENS) à l’échelle départementale, les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) à l’échelle nationale et Natura 2000 à l’échelle européenne.

L’objectif de ce rapport est alors d’identifier si une prairie pré-sélectionnée est humide ou non. Pour ce faire, nous allons nous appuyer sur les indices d’humidité d’Ellenberg et l’annexe de l’arrêté de juin 2008.

2 Méthodes et Résultats

Nous nous sommes rendus sur le terrain dans la matinée du 5 mai 2025, au parc des Garennes de Juigné-sur-Loire. La zone était bien ensoleillée, mais soumise à un léger vent frais et à de l’humidité liée à une pluie de la veille. La sélection du site s’est basée sur plusieurs critères. Il s’agit d’une zone plane, ancienne carrière de schiste à ciel ouvert, composée de pelouses rases, de marécages tourbeux et de petites mares. Il s’agit aussi d’un ENS.1 Cela signifie qu’il s’agit d’une zone dont la qualité est préservée et où des politiques de protection, de gestion et d’ouverture au public sont élaborées et mises en place. Cependant, bien que la majorité du parc des Garennes se situe en ZNIEFF de type II, la prairie que nous avons étudiée ne se situe pas dans ce zonage.2 Elle ne se situe pas non plus dans une zone Natura 2000.3

Sur place, nous avons suivi 5 transects différents et, par transects, nous avons étudié environ 12 quadrats. Un transect correspond à une ligne droite partant du nord-est du champ jusqu’au sud-ouest, et plus nous avançons sur celui-ci, plus nous avançons sur le gradient d’humidité. Un quadrat correspond alors à un carré de 2m² sur cette ligne. Un transect mesure environ 150m et les quadrats sont alors positionnés tous les 13-14m environ. Ce rapport se réfère principalement aux relevés 4 (figure 1).

Figure 1 : Cartographie des transects suivis dans le parc des Garennes de Juigné-sur-Loire en 2025

Source : IGN-BDTOPOv3.3-2024

Par groupe de 5, nous nous sommes équipés d’un mètre et de piquets pour délimiter nos quadrats, ainsi que d’un tableau déjà créé et d’une table d’identification d’espèce. Pour chaque carré, nous avons repéré toutes les espèces présentes ainsi que leurs coefficients d’abondance – dominance de Braun-Blanquet (tableau 1).

Tableau 1 : Échelle des coefficients d’abondance-dominance de Braun-Blanquet

Coefficients Recouvrement
5 75 à 100 %
4 50 à 75 %
3 25 à 50 %
2b 12,5 à 25%
2a 5 à 12,5%
1 1 à 5%
+ < 1% et + de 2 individus
r < 1% et 1 à 2 individus

Source : Fiche protocole terrain, e-campus, APIE

Avec ce coefficient, nous pouvons calculer l’indice d’humidité de chaque quadrat. Pour ce faire, il faut appliquer la formule ci-dessous une fois les espèces recensées avec leur indice d’Ellenberg.

\[ \text{Indice d'humidité} = \frac{\sum (\text{recouvrement} \times \text{indice Ellenberg})}{\sum \text{recouvrement}} \]

Nous avons aussi recensé le recouvrement en graminée de chaque quadrat ainsi que leur coordonnée géographique.

3 Résultats

Sur notre transect, nous avons observé différentes espèces en avançant sur le gradient. Nous avons observé une diminution des espèces méso- et mésohygrophiles au cours du gradient (figure 2).

Figure 2 : Graphique indiquant l’évolution de l’abondance d’une espèce mésophile et de 2 espèces

mésohygrophiles sur le gradient

Source : Création groupe 4 avec Excel

Au contraire, plus nous avons avancé sur les quadrats, plus nous observons la présence d’espèces hygrophiles (figure 3).

Figure 3 : Graphique indiquant l’évolution de l’abondance de 4 espèces hygrophiles sur le gradient

Source : Création groupe 4 avec Excel

Pour confirmer ce phénomène à l’échelle de la prairie, les figures 4 et 5 illustrent la présence d’une espèce mésophile (Alopecurus pratensis) avec un indice d’Ellenberg de 5 et d’une espèce hygrophile (Galium palustre) avec un indice de 9.

Figure 4 : Cartographie de l’abondance du Vulpin des prés (Alopecurus pratensis) sur une prairie du

parc des Garennes de Juigné-sur-Loire en 2025

Source : Création groupe 4 avec R

On observe bien des coefficients d’abondance plus élevés pour le vulpin des prés au sud-ouest de la prairie.

Figure 5 : Cartographie de l’abondance du Gaillet des marais (Galium palustre) sur une prairie du

parc des Garennes de Juigné-sur-Loire en 2025

Source : Création groupe 4 avec R

Le Gaillet des marais confirme bien une plus forte abondance de l’espèce sur la fin du gradient.

Au niveau des graminées, la figure 6 nous montre une diminution de celles-ci au fil du gradient, passant de 100% sur les 3 premiers quadrats à 23% sur le quadrat 12. Cependant, il y a une exception sur le quadrat 10 qui s’explique par la forte présence du Phalaris arundinacea qui se trouve être la seule graminée hygrophile sur le transect.

Figure 6 : Pourcentage de graminées par quadrats sur le transect 4 en 2025

parc des Garennes de Juigné-sur-Loire

Source : Création groupe 4 avec R

On constate une nette évolution de l’indice d’humidité sur le transect 4, passant d’un indice d’environ 5,3 si le premier quadrat a un indice de 8,1 sur le dernier, avec une forte augmentation à partir du quadrat 7 (figure 7). L’évolution positive de cet indice s’observe tout aussi bien en regardant son évolution par rapport à la distance du transect (figure 8).

Figure 7 : Évolution de l’indice d’humidité moyen par rapport aux quadrats du transect 4 en 2025

Source : Création groupe 4 avec Excel

Figure 8 : Évolution de l’indice d’humidité moyen par rapport à la distance du transect 4 en 2025

Source : Création groupe 4 avec R

La figure 9 nous indique que cet indice d’humidité augmente bien sur toute la prairie avec des valeurs de plus en plus forte le long du gradient.

Figure 9 : Cartographie de l’indice moyen d’humidité sur une prairie du parc des Garennes de

Juigné-sur-Loire en 2025

Source : IGN-BDTOPOv3.3-2024

Au niveau des espèces, certaines sont répertoriées dans l’annexe de l’arrêté de juin 2008. La figure 10 correspond alors à la répartition de celles-ci sur le transect 4. On retrouve un pourcentage plus important d’espèces de ce traité à la fin du gradient. On passe d’un pourcentage quasiment nul sur les 30 premiers m à plus de 80% sur les 60 derniers.

Figure 10 : Pourcentage d’espèces de l’annexe de l’arrêté de juin 2008 le long du transect 4 en 2025

Source : Création groupe 4 avec R

4 Discussion

Les résultats nous indiquent dans un premier temps que, le long du gradient, le nombre d’espèces avec un faible indice d’Ellenberg (espèces mésophiles ou mésohygrophiles) diminue, tandis que celles avec un indice d’Ellenberg élevé (espèces hygrophiles) augmentent. Or plus une espèce est hygrophile, plus elle va apprécier les sites humides, avec des sols souvent saturés en eau et mal aérés. Ensuite, on observe une diminution des espèces graminées qui sont dans la quasi-totalité des espèces mésophiles ou mésohygrophiles, à l’exception de la Baldingère faux-roseau (Phalaris arundinacea). Cela va mener à une diminution de l’indice d’humidité moyen et à une augmentation du pourcentage d’espèces présentes dans l’annexe de l’arrêté de juin 2008, c’est-à-dire d’espèces présentes dans les zones humides. Tous ces indicateurs nous amènent à dire que la flore est bien une flore spécifique de zone humide et ce qui nous amène à la conclusion que nous sommes bien sur une prairie humide. Cependant, il faut prendre en compte que l’étude que nous avons menée contient certaines limites. En effet, certaines espèces ont pu être mal enregistrées et le coefficient d’abondance – dominance de Braun-Blanquet a pu être mal renseigné, lié à notre manque d’expérience. De plus, les quadrats ne représentent pas la totalité de la prairie, et bien que les risques soient faibles, il est possible que certaines zones aillent à l’encontre de notre hypothèse. Pour confirmer qu’il s’agit bien d’une prairie humide, il faudrait refaire le protocole avec des professionnelles et prendre plus d’échantillons.

Bibliographie

Toogood, Sarah E., et Chris B. Joyce. 2009. « Effects of Raised Water Levels on Wet Grassland Plant Communities ». Applied Vegetation Science 12 (3): 283‑94. https://doi.org/10.1111/j.1654-109X.2009.01028.x.

  1. Maine-et-Loire, D. de. (s.d.). Les Garennes. Consulté 7 mai 2025, à l’adresse https://nature.maine-et-loire.fr/connaitre-et-apprendre/ens/les-garennes↩︎

  2. MapGeoData—Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique. (s. d.). Consulté 9 mai 2025, à l’adresse https://mapgeodata.fr/maps/environnement/znieff.php↩︎

  3. MapGeoData—Zones Natura 2000. (s. d.). Consulté 9 mai 2025, à l’adresse https://mapgeodata.fr/maps/environnement/natura.php↩︎