Introduction

En 2024, environ 1,4 millions de personnes ont effectué un voyage à l’étranger(1). Le tourisme connaît un essor après le COVID19 et permet de redynamiser de nombreuses économies. En effet, le tourisme est une part importante du PIB mondial et du PIB de nombreux pays. Cependant, il fait face à de nombreux défis tels que la durabilité. Comme nous l’a prouvé le COVID, le tourisme est influencé par de nombreux facteurs. Les dynamiques touristiques ne sont pas figées dans le temps mais varient en fonction de nombreux facteurs tels que les facteurs économiques, socioculturels, environnementaux et sanitaires. De plus, le tourisme n’a pas la même importance pour tous les pays. Tandis que pour certains pays, le tourisme est une source de leur revenu comme une autre, pour d’autres, le tourisme est leur principale source de revenus. Ainsi de nombreux pays ont mis en place des dispositifs spéciaux pour relancer le tourisme après le COVID. La Corée du sud, par exemple, a réalisé un partenariat avec de nombreux pays, dont la France, permettant aux ressortissants de ces pays de partir en Corée du sud pour 3 mois sans aucun document autre que leur passeport(2)

Problématique : Comment le tourisme impacte-t-il la croissance économique des pays ?

En nous appuyant sur un jeu de données représentant les arrivées/départs touristiques, le PIB, le chômage et les impacts économiques du tourisme (dépense externe, etc), nous allons voir dans un premier temps, la différence entre le tourisme entrant et sortant. Puis dans un second temps nous verrons la relation entre le chômage et les recettes touristiques et pour finir nous verrons la relation entre le PIB et les recettes touristiques.

Comparaison entre les départs et les arrivées touristiques par région

Quelles sont les régions avec le plus d’arrivées touristiques ?

Certaines régions ont un nombre d’arrivées touristiques plus élevé que les autres. Par exemple, le sud, l’est et l’ouest de l’Europe ainsi que l’est de l’Asie et l’Amérique du nord ont les nombres de touristes entrant les plus haut et ceux tout au fil du temps. L’Amérique du Nord restera de 1999 à 2019, la région avec le plus de tourisme entrant. Suivi par l’Asie de l’Est qui connaît une croissance constante de son tourisme entrant depuis 2006 notamment dû au soft power de pays tels que le Japon ou la Corée du Sud qui ont su mettre en avant leur culture à travers le monde pour attirer toujours plus de touristes. Le Japon, à par exemple, eu un nombre record de visiteurs étrangers en 2025(3). Ces pays sont suivis par l’Asie du sud-est, l’amérique du sud et le moyen orient qui malgré un nombre de tourisme entrant non comparable au précédent pays ont tout de même un nombre important de touristes entrants en constante augmentation.

De plus, on voit émerger au fil des années de nouvelles destinations touristiques notamment en Afrique et en Asie. On observe, par exemple, qu’entre 1999 et 2019 les arrivées touristiques en Asie centrale ont connu un taux d’évolution de 1953,2% contre 31,5% en Amérique du Nord ou 41% en Europe de l’Est. De même pour l’Afrique de l’Est qui a connu un taux d’évolution de 428,5%.

Ces chiffres illustrent donc une redéfinition des dynamiques touristiques mondiales, marquée par une déconcentration des flux au profit de nouvelles régions en plein essor. Ce qui reflète un tourisme de plus en plus mondialisé et multipolaire, révélateur des transformations économiques, sociales et culturelles du monde contemporain.

On remarque des moments de chute du touristes entrant important comme par exemple la chute du tourisme entrant de l’Amérique du Nord entre 2006 et 2011. Plusieurs raisons peuvent potentiellement l’expliquer comme la crise économique de 2008, la mise en place de l’Esta en 2009 ou encore la pandémie de grippe H1N1 qui a particulièrement touché le Mexique et les États-Unis. Enfin, tous les pays connaissent une chute des arrivées touristiques à partir de 2020 suite à la pandémie mondiale du COVID19 qui a bloqué le tourisme. Ces phénomènes sont la preuve de l’impact des facteurs extérieurs tels que le sanitaire et l’économique sur le tourisme. Le tourisme n’est pas une ressource sûre, il dépend grandement des facteurs extérieurs. D’autres facteurs tels que la sécurité et l’attractivité culturelle peuvent également influencer les dynamiques touristiques.

Quelles sont les régions avec le plus de départs touristiques ?

De même que pour le tourisme entrant, les régions ne vont pas toutes avoir le même nombre de touristes sortant. Certaines régions vont avoir un tourisme sortant plus haut que d’autres, ce qui veut dire que certaines populations vont effectuer plus de voyages à l’international que d’autres. Par exemple, l’amérique du nord va être la région avec le plus de tourisme sortant. On remarque que l’Amérique du Nord et l’Asie de l’Est suivi par l’Europe de l’Ouest/Nord sont des régions majeures du tourisme entrant ou sortant. En effet, ils se trouvent en tête de 1999 à 2019 autant concernant le tourisme entrant que le tourisme sortant.

Certaines régions, comme les régions d’Afrique, n’ont aucun ou très peu de départ touristique entre 1999 et 2019. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Premièrement, des raisons économiques peuvent expliquer ce fait. En effet, les billets d’avions partant d’Afrique et surtout concernant les vols intra-continent compte parmis les plus cher au monde encore aujourd’hui(4). Deuxièmement, le passeport et les restrictions de visa peuvent également être un facteur d’explication. Les passeports de beaucoup de pays d’Afrique sont classés très bas dans le classement d’accessibilité des passeports. Par exemple, les détenteurs d’un passeport malien(5) peuvent voyager dans 54 destinations sans visa et 64 destinations pour les détenteurs d’un passeport ghanaian (6) contre 189 destinations pour les détenteurs d’un passeport français(7).

De manière générale, on remarque une croissance soutenue du tourisme entre 1999 et 2020 dans toutes les régions. Cette dynamique reflète une globalisation du tourisme, où le voyage à l’étranger devient progressivement plus accessible, y compris pour les pays émergents. Toutefois, certaines régions se démarquent par une croissance particulièrement forte comme plusieurs régions d’Afrique et d’Asie. Par exemple, l’Afrique de l’Ouest a connu une évolution de 1403,8% et l’Asie centrale 1233,8%. Cela reflète une ouverture progressive de ces pays au tourisme international. L’augmentation du pouvoir économique de ces régions ainsi que celui du pouvoir d’achat de leurs populations peut également être un facteur déterminant dans cette croissance.

Une autre raison économique pouvant expliquer le tourisme sortant est le PIB des régions. En effet, on observe une corrélation positive entre le PIB et les départs touristiques. Les régions - l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest et l’Asie de l’Est qui ont le PIB le plus élevé ont également le tourisme sortant le plus élevé. Ce qui nous amène à penser que les populations des pays riches vont avoir tendance à voyager le plus. Ce facteur vient s’ajouter au facteur des visas vu plus tôt puisqu’en effet les pays avec le PIB le plus élevé sont aussi les pays avec les passeports les plus “puissants”(8).

Le tourisme est donc contraint par de nombreux enjeux socio-économiques.

Comparaison entre les départs et les arrivées entre les régions ?

Plusieurs pays ont une disparité importante entre leur tourisme entrant et sortant qui est souvent dû au décalage entre la part des revenus nationaux généré par le tourisme et le pouvoir d’achat limité des populations locales pour voyager. Par exemple, le Sud, l’Ouest et le Nord de l’Europe, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique du Nord et de l’Ouest ainsi que le Moyen-Orient ont un tourisme entrant plus important que leur tourisme sortant. De plus, certaines régions connaissent un renversement de leur positionnement touristique par exemple l’Europe du Nord et du Sud passe autour des années 2006-2008 de régions avec plus de tourisme sortant à des régions avec plus de tourisme entrant surement dû à la crise économique de ces années là. Un fort déséquilibre avec plus de tourisme entrant que sortant, peut refléter une forte dépendance économique au tourisme. En effet, l’économie locale de certaine région comme l’Asie du Sud-Est repose en grande partie sur les revenues générés par les visiteurs internationaux(9). Malgré le puissant levier de développement économique que représente le tourisme, une trop grande dépendance comporte des risques. En effet, comme nous l’avons souligné, le tourisme repose sur de nombreux facteurs indépendants ce qui le rend instable. Cette disparité est dû au décalage entre la part des revenus nationaux généré par le tourisme et le pouvoir d’achat limité des populations locales pour voyager.

D’ un autre côté, d’autres régions possèdent une disparité inverse avec plus de tourisme sortant qu’entrant. L’Amérique du Nord et l’Asie de l’Est en sont de parfaits exemples. Le tourisme sortant est très élevé dans ces régions dû au pouvoir d’achat élevé de ces populations ainsi qu’à la culture du voyage qui est assez répandu dans ces régions. Le voyage à l’international étant même vu comme un marqueur de réussite sociale notamment en chine où on a vu une augmentation des voyages internationaux en même temps que leur croissance économique(10). Pour finir, une économie forte favorise un tourisme sortant dynamique, mais des barrières administratives ou culturelles peuvent limiter l’arrivée de touristes étrangers comme l’obtention d’un visa parfois difficile pour les voyageurs voulant se rendre en Chine.

Le tourisme quand il n’est pas équilibré, est donc marqué par 2 grandes tendances :

  • Les régions avec un tourisme entrant dominant montrent une dépendance économique au tourisme
  • Les régions avec un tourisme sortant dominant ont des populations à fort pouvoir d’achat, favorisant les voyages internationaux.

Pour finir, plusieurs facteurs clés influençant ces dynamiques touristiques :

  • Économie et pouvoir d’achat : les populations des pays riches voyagent plus.
  • Accessibilité (passeports, visas, coûts des vols) : certaines régions ont plus de facilités pour voyager.
  • Stabilité politique et sanitaire : les crises (COVID-19, conflits) impactent directement le tourisme.
  • Attrait du pays : patrimoine culturel, infrastructures touristiques développées, etc.

Les moteurs et limites économiques du tourisme

Le poids du développement économique dans l’attractivité touristique

Les données de PIB et d’arrivées touristiques ont été normalisées séparément pour chaque variable afin de permettre une comparaison des tendances.

On observe une forte corrélation entre un PIB élevé et un volume important d’arrivées touristiques, comme en Amérique du Nord ou en Europe de l’Ouest. À l’inverse, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est affichent des niveaux faibles sur les deux plans, révélant une inégalité touristique liée au développement économique.

La plupart des régions à inflation faible ou modérée génèrent davantage de recettes touristiques, tandis que celles confrontées à une inflation élevée – comme l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est ou l’Amérique du Sud – enregistrent des recettes nettement plus faibles. L’Amérique du Nord se distingue par un bon niveau de recettes combiné à une inflation stable.

Enfin, dans la majorité des régions, le PIB dépasse les arrivées touristiques, sauf en Asie du Sud et en Océanie où la tendance s’inverse. Cette situation peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment la prédominance du tourisme domestique en Asie du Sud et l’accessibilité géographique difficile de nombreuses îles en Océanie. L’éloignement, la faible densité de population et le coût élevé des transports aériens limitent l’attractivité touristique internationale de la région 11.

Le tourisme face à l’instabilité économique – Le cas de l’inflation

Les régions à inflation faible à modérée comme l’Amérique du Nord ou l’Europe affichent généralement des recettes touristiques plus élevées. Au contraire, une inflation importante semble dissuasive pour les voyageurs, comme observé en Afrique australe ou en Amérique du Sud.

Une dépendance au tourisme instable ? Analyse comparative par continent

Malgré la chute marquée des arrivées touristiques en Afrique durant la pandémie de COVID-19 (2020–2021), le taux de chômage n’a pas connu de hausse significative. Cela s’explique en partie par le poids relativement limité du tourisme dans l’économie de nombreux pays africains, où les secteurs dominants restent l’agriculture, les industries extractives et le commerce informel. De plus, une grande partie des emplois liés au tourisme sont informels et donc absents des statistiques officielles, ce qui rend leur disparition moins visible dans les taux de chômage. Enfin, de nombreux travailleurs ont fait preuve de résilience en se reconvertissant temporairement dans d’autres activités, atténuant ainsi l’impact économique de la crise sur l’emploi.

Le taux de chômage en Asie reste particulièrement bas, oscillant entre 0,8 et 1, avec un creux notable à 0,73 en 2018. Le PIB et les recettes touristiques suivent une progression relativement stable et parallèle sur l’ensemble de la période. En revanche, les dépenses touristiques présentent davantage de fluctuations, avec une chute brutale entre 2019 et 2020, passant d’un niveau élevé (1) à 0,5. Malgré cette baisse marquée des dépenses touristiques, ni le PIB ni le taux de chômage ne semblent avoir été fortement impactés durant cette période.

En Europe, le taux de chômage connaît une baisse progressive depuis 2002, se stabilisant entre 0,75 et 0,85. Le PIB affiche une croissance relativement stable sur l’ensemble de la période. Les recettes touristiques suivent également une trajectoire ascendante soutenue, à l’exception d’une chute marquée en 2020 liée à la pandémie. Les dépenses touristiques, quant à elles, présentent davantage de variations, avec des pics notables en 2002 et 2015, puis une forte baisse en 2020.

En Amérique, le taux de chômage diminue de manière stable tout au long de la période, oscillant entre 0,6 et 0,8. Les recettes touristiques connaissent une forte hausse initiale, puis se maintiennent à un niveau stable sur la durée. Le PIB suit également une progression régulière, bien qu’il ne dépasse jamais 0,8 avant 2022. En revanche, les dépenses touristiques présentent des fluctuations marquées au fil des années, avec une chute nette en 2020 liée à la crise sanitaire.

En Océanie, le taux de chômage reste globalement bas, en dessous de 0,8, à l’exception d’un pic soudain à 1 en 2017, suivi d’une chute immédiate à 0,5 en 2018. Le PIB reste stable, mais relativement stagnant. Les recettes touristiques demeurent faibles (sous 0,6) jusqu’en 2018, avant de redescendre en 2020. Les dépenses touristiques, quant à elles, se maintiennent entre 0,8 et 1 pendant la majeure partie de la période, avec une chute marquée à 0,45 en 2020. Fait notable : l’année 2018 montre une corrélation apparente entre la hausse des recettes touristiques et la baisse du chômage.

Synthèse régionale des dynamiques touristiques et économiques

Les évolutions observées dans le tourisme, le PIB et le chômage entre 1999 et 2023 s’expliquent en grande partie par des événements globaux et des différences structurelles entre les régions. La pandémie de COVID-19 a causé une chute brutale des arrivées et dépenses touristiques partout dans le monde à partir de 2020, ce qui se reflète clairement dans les données pour l’Europe, l’Amérique et l’Océanie (12). Pourtant, certaines régions comme l’Afrique ou l’Asie du Sud ont vu leur taux de chômage rester stable. Cela s’explique notamment par le poids plus faible du tourisme international dans leurs économies, mais aussi par l’importance du tourisme domestique, comme c’est le cas en Inde par(13). Les variations d’une région à l’autre peuvent aussi être liées àl’accessibilité géographique, à la solidité des infrastructures touristiques, ou encore à la capacité des économies locales à s’adapter pendant les périodes de crise. Ainsi, bien que chaque région ait ses spécificités, elles sont toutes influencées par des chocs globaux communs comme le COVID-19, les crises économiques ou les changements de comportements des voyageurs.

Il est important de noter que les données utilisées ici sont des moyennes régionales regroupées par continent. Cela peut parfois masquer des disparités internes importantes : certaines régions au sein d’un même continent peuvent connaître des fluctuations bien plus marquées que d’autres. Une analyse plus fine, comparant les régions à l’intérieur de chaque continent, permettrait d’avoir une lecture plus nuancée des dynamiques touristiques et économiques locales.

Taux de chômage et tourisme par région

Une relation contrastée entre tourisme et chômage

Le graphique met en lumière une relation visuellement intéressante : des pays fortement touristiques semblent bénéficier d’un taux de chômage plus faible.

Des régions où le tourisme réduit clairement le chômage

L’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie) apparaît dans la zone du graphique indiquant hautes recettes touristiques et chômage modéré. En Espagne, par exemple, le secteur touristique a représenté 12 % du PIB en 2023, avec plus de 2,7 millions d’emplois générés dont une majorité en CDI, grâce aux réformes du travail récentes(14). De même, l’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Indonésie, Vietnam) montre une corrélation positive : en Thaïlande, le taux de chômage est redescendu à 1,05 % fin 2022, grâce au rebond du tourisme post-COVID.

Des régions peu intégrées au tourisme : chômage élevé

À l’opposé, des régions comme l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Nigeria), l’Afrique centrale (Tchad, RDC) et le Moyen-Orient (Irak, Syrie) restent positionnées dans le quart supérieur gauche du graphique : faibles revenus touristiques, chômage élevé. Le manque d’infrastructures, d’investissements ou la persistance de conflits armés freinent le développement touristique et ses retombées sur l’emploi.

Une dynamique temporelle révélatrice de vulnérabilité

L’animation par année du graphique permet d’analyser comment la relation tourisme-emploi évolue dans le temps.

Le choc de la pandémie de COVID-19

L’année 2020 marque une rupture brutale : la quasi-totalité des pays voient leurs recettes touristiques chuter, ce qui provoque une hausse du chômage dans les régions les plus dépendantes. La Grèce, par exemple, a vu son taux de chômage monter temporairement à plus de 17 %, avant de redescendre à 9,6 % en 2023 grâce à la reprise touristique(15).

Des reprises inégales selon les régions

Alors que des zones comme l’Europe du Sud ou l’Asie de l’Est montrent une reprise relativement rapide (2022–2023), d’autres comme l’Afrique subsaharienne restent stables, révélant une résilience plus lente, liée à une dépendance plus faible au tourisme mais aussi à des contextes économiques plus fragiles.

Un modèle de croissance attractif mais fragile

Le tourisme comme moteur d’emploi structurant

Pour des économies comme l’Île Maurice, les Seychelles ou les Maldives, le tourisme représente jusqu’à 25 % du PIB, et des milliers d’emplois directs dans les services. En 2023, l’Île Maurice a accueilli 1,3 million de touristes, générant près de 8 % de son PIB(16).

Les limites d’un modèle trop concentré

Toutefois, une dépendance excessive au tourisme expose l’économie à des risques : saisonnalité, précarité des contrats, vulnérabilité aux crises sanitaires ou géopolitiques. En France par exemple, malgré des recettes record, le taux de chômage reste structurellement autour de 7 %, preuve que le tourisme ne compense pas les limites structurelles du marché de l’emploi(17)

L’animation présente l’évolution de la relation entre le Produit Intérieur Brut (PIB) et le taux de chômage à l’échelle régionale dans le monde, sur la période 1999–2023. Chaque point représente une région du monde pour une année donnée (ex. : Europe de l’Est, Afrique de l’Ouest, Asie du Sud-Est).

Dès le début de la période (1999), on observe une forte concentration des régions vers la gauche du graphique, ce qui signifie que la majorité des régions ont un PIB relativement faible (ex : Afrique centrale, Asie du Sud, etc.).

À l’opposé, seules quelques régions comme l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest apparaissent avec des PIB très élevés.

Malgré cela, aucune relation systématique n’apparaît entre niveau de PIB régional et taux de chômage :

  • Certaines régions riches (comme l’Europe de l’Ouest) conservent un chômage modéré à élevé.
  • D’autres, avec un PIB plus faible (ex : Asie du Sud), maintiennent un chômage relativement bas.

Le PIB n’est donc pas un prédicteur fiable du chômage, surtout à l’échelle régionale. Cela s’explique par des différences structurelles, notamment :

  • le poids du secteur informel,
  • les politiques publiques d’emploi,
  • la qualité des institutions économiques.

Des effets de crise visibles mais différenciés

2008–2009 : Crise financière mondiale

  • L’animation montre un ralentissement du PIB en Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud, avec une hausse temporaire du chômage.

  • Cependant, des régions comme l’Asie de l’Est ou l’Afrique subsaharienne semblent moins affectées sur le plan de l’emploi, probablement du fait de moindre exposition aux marchés financiers mondiaux.

2020–2021 : Pandémie de COVID-19

  • Cette période provoque une chute soudaine du PIB régional pour de nombreuses zones.

  • Le chômage monte visiblement dans les régions à forte exposition au tourisme ou à l’économie mondiale :

  • Asie du Sud-Est, Europe du Sud, Amérique latine sont parmi les plus touchées.

  • Les régions africaines, avec une structure plus informelle, montrent des taux de chômage plus stables mais probablement sous-estimés.

Conclusion

Au terme de cette analyse, il apparait que le tourimisme joue un rôle majeur dans l’économie mondiale, mais de manière inégale selon les régions. Ainsi, le tourisme peut être à la fois un vecteur d’opportunités et un facteur de vulnérabilité. Sa dépendance aux facteurs externes tels que les crises sanitaires ou politique, le rend structurellement instable.Pour les pays les plus dépendants, il devient donc crucial d’envisager des politiques de diversification économique et de développement durable du tourisme. Promouvoir un tourisme plus inclusif, résilient et respectueux des territoires est un enjeu majeur pour que ce secteur continue de contribuer positivement à la croissance mondiale dans les années à venir.


  1. https://www.lefigaro.fr/conjoncture/en-2024-le-tourisme-mondial-retrouve-son-niveau-d-avant-covid-20250120↩︎

  2. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/coree-du-sud/#entree↩︎

  3. https://www.nippon.com/fr/japan-data/h02262/#:~:text=Un%20record%20de%2036%2C9,millions)%2C%20avant%20la%20pand%C3%A9mie.↩︎

  4. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/03/07/protectionnisme-et-taxes-voyager-en-avion-a-travers-l-afrique-un-onereux-chemin-de-croix_6220648_3212.html↩︎

  5. https://visaindex.com/fr/visa-requirement/liste-pays-sans-visa-passeport-mali/↩︎

  6. https://visaindex.com/fr/visa-requirement/liste-pays-sans-visa-passeport-ghana/↩︎

  7. https://visaindex.com/fr/visa-requirement/liste-pays-sans-visa-passeport-france/#:~:text=Les%20d%C3%A9tenteurs%20d’un%20passeport,d%C3%A9tenteurs%20d’un%20passeport%20France.↩︎

  8. https://www.lefigaro.fr/voyages/classement-des-passeports-les-plus-puissants-du-monde-la-france-perd-sa-premiere-place-20240725↩︎

  9. https://shs.cairn.info/la-region-asie-du-sud-est--9782200636401-page-221?lang=fr↩︎

  10. https://journals.openedition.org/echogeo/13190↩︎

  11. https://perso.ens-lyon.fr/denis.leroy/oceanian-literature/la-question-des-limites-geographiques-de-loceanie/↩︎

  12. https://www.unwto.org/impact-assessment-of-the-covid-19-outbreak-on-international-tourism↩︎

  13. https://shs.hal.science/halshs-01918610/↩︎

  14. https://www.allnews.ch/content/points-de-vue/l%E2%80%99exceptionnelle-croissance-de-l%E2%80%99espagne↩︎

  15. https://lepetitjournal.com/athenes/la-grece-voit-son-taux-de-chomage-chuter-96-une-embellie-economique-390800↩︎

  16. https://strafincorporate.com/leconomie-mauricienne-en-2023-une-analyse-sectorielle-et-son-impact-sur-le-pib↩︎

  17. https://elpais.com/economia/2022-08-12/espana-economia-de-temporada.html↩︎